Le colloque est une conférence ou encore une communication scientifique présentée dans un cadre académique. C’est ce qui a réuni les étudiants, le personnel et les membres des institutions sœurs du CELAF Institut ce jeudi 12 mai 2022. Le colloque international en sciences de l’éducation était sous le thème Réception du pacte éducatif global. Le processus éducatif au service de la personne.
Nous avons débuté à 08h30 avec la prise de parole du Frère Simon ALPHONSE, maître cérémonie qui nous a donné le motif de notre rencontre puis a suivi la prière présidée par un membre de la commission liturgie. Après la prière, c’était le mot de bienvenue de Sœur Euphrasie AVLE, Directrice générale adjoint du CELAF Institut. Nous sommes passés à l’accueil des intervenants du premier axe intitulé Fondement du pacte éducatif : l’unité dans la diversité avec pour modérateur Docteur Osséi KOUAKOU respectivement enseignant chercheur au département de psychologie à l’université Félix Houphouet Boigny et enseignant au CELAF Institut.
La première communication ayant pour titre Le pacte éducatif global : chemin d’un nouvel humanisme a été présentée par Frère Valère ADONSOU. Communication dans laquelle il s’est focalisé à faire ressortir quelques présupposés et accents forts du pacte. Pour lui, il est question de réception et, recevoir un message selon ses propos « fait penser à l’émetteur et au destinataire du message ». Il s’est donc appuyé sur la première encyclique du Souverain pontife François Laudato si publié en 2015. Quels sont les problèmes de nos sociétés que le pacte nous invite-t-il à résoudre ? Laudato si est donc le premier document de référence pour le pacte éducatif global. Frère Valère a choisi la modalité du chemin car il se trouve dans les référentiels du pacte. Ainsi, le chemin est adéquat pour résoudre les problèmes du nouvel humanisme. Il a choisi une approche d’ordre généalogique. Il invite donc à partir de la terra mater car la nature n’est pas dissociée ni distinguée des humains; elle n’appartient pas à l’homme mais l’homme appartient à la terre. Il a terminé son propos en parlant du pacte éducatif global vu du Sud.
La deuxième communication sous le titre L’éducation à l’identité humaine au creuset de l’épistémologie de la complexité a été animée par Docteur COULIBALY Tohotanga, enseignant de philosophie option épistémologie à l’université Félix Houphouet Boigny. Il s’est axé sur la question : comment aider dans la pratique éducative à intégrer la vision de la nature plurielle de l’identité ? Il en ressort donc qu’identité et pluralité sont deux concepts antithétiques de sorte que la présence de l’un marque l’absence de l’autre. Dès lors, l’identité exprime l’unité c’est-à-dire qu’elle exclut la multiplicité, elle trace une ligne de démarcation, elle n’est pas le passé mais justement ce qui ne passe pas. En somme, nous ne pouvons pas réduire une chose à un aspect pour lui donner une identité. Alors l’identité de la complexité existe et fait de chacun ce qu’il est différent des autres.
La troisième communication sous le titre Penser la valeur performative de l’éducation face à la crise de l’école ivoirienne. Elle a été présentée par Docteur YEO Zié Seydou de l’université Félix Houphouet Boigny. Il est allé du constat selon lequel depuis plusieurs décennies, l’école ivoirienne est constamment secouée par des crises à répétition. S’appuyant sur Russel Bank dans son ouvrage intitulé De beaux lendemains, Dr. YEO note que le diagnostic fait par lui est sombre, il parle d’une société qui nous a ravi nos enfants. Il est certain que les enfants ivoiriens échappent à la tutelle des adultes. Il s’est interrogé sur les causes et s’est focalisé sur deux. La première cause est la rupture avec la société holistique dans laquelle l’enfant appartenait à toute la communauté. Cela est dû à l’explosion de l’individualisme social. La deuxième cause est que dans la société ivoirienne, les enfants sont issus d’un planning familial du fait que les enfants sachant qu’ils sont désirés ont renversé la tendance, ils sont plus exigeants envers leurs parents. Il a terminé en suggérant d’une part, que les parents comprennent que les enfants ne leur appartiennent pas à eux seuls, que l’enfant appartienne de nouveau à la société. D’autre part, que l’école soit le lieu où les enfants apprennent des valeurs par exemple la coopération. L’école doit donc installer chez les élèves la réflexivité qui est cette capacité à s’interroger, à réfléchir avant toute action.
La quatrième communication animée par Docteur NGETWA Anselm Theodos, enseignant à l’Ecole catholique missionnaire d’Abidjan; avait pour titre Une analyse comparée de la vision éducative de Nyerere et du pacte éducatif global du Pape François. Il s’est appuyé sur les essais de Nyerere en éducation dans son argumentation. Pour la petite histoire, Nyerere était le premier président de la Tanzanie, il a écrit trente-cinq essais sur l’éducation parmi lesquels Essai sur la liberté des femmes en 1944. Pour lui, l’éducation englobe une libération intégrale en ce sens qu’elle libère l’esprit et le corps. Par conséquent, tout système éducatif doit transformer les humains en créateurs et non pas en créatures et donc engendrer des citoyens compétents. Pour ce qui est du pacte éducatif global du pape François publié le 15 octobre 2020, son but est d’amener un changement de mentalité par l’éducation. En conclusion, Nyerere et Pape François se rejoignent car ils mettent l’être humain au centre de tout système éducatif, les deux choisissent également l’option préférentielle pour les filles.
A la fin de toutes ces communications, l’opportunité a été donnée aux participants de formuler quelques questions à l’endroit des communicants. C’est ainsi que s’est achevée la première partie de notre colloque ponctuée par une pause-café entre 10h50 et 11h10.
A 11h15, avec comme modérateur Docteur Maurice ARCHER, qui est maître de conférence, enseignant notamment de pédagogie générale, histoire médiévale africaine et didactique, codirige des thèses de doctorat entre autres. Nous avons repris les activités par l’axe 2 intitulé Approches empiriques : les pratiques éducatives de qualité pour une écologie intégrale.
La cinquième communication ayant pour titre La dimension éthique dans la relation pédagogique enseignant/apprenant des lycées Savorgnan de Brazza et Chaminade de Brazzaville. La communication a été donnée par Docteur ALLEMBE Rodrigue Lézin, enseignant à l’université Marien Ngouabi de Brazzaville, il est originaire du Congo Brazzaville. La question qui a sous-tendu cet exposé est : Quelle est la dimension éthique dans une relation enseignant/apprenant ? Après une brève présentation des méthodes et résultats de recherche issus de la collecte de données, il ressort que l’enseignant doive promouvoir des valeurs chez l’apprenant. Il a terminé par quelques suggestions parmi lesquels le respect de la dignité des apprenants, la tolérance, l’écoute entre autres. Selon ses mots, en tant qu’enseignants, « nous devons incarner des valeurs » plutôt que de les prôner.
La sixième communication sous le titre Les sorties de terrain « sensibles » pour les contenus d’EDD, en classe de géographie dans la construction d’un monde d’avenir. Elle a été animée par monsieur OUSSOU Kouadio Jean-Pierre, doctorant en didactique de la géographie. Il a présenté quelques photos qui montrent l’état de pollution dans les établissements scolaires en Côte d’Ivoire et il a présenté quelques modalités de sorties de terrain.
La dernière communication donnée par Docteur TIENE Baboua, s’intitulait Ré-enchanter l’altérité extrahumaine pour un usage responsable de l’éducation en contexte de crise environnementale. Il a commencé par lever quelques équivoques en clarifiant les concepts de ré-enchantement, altérité extrahumaine et responsabilité de l’éducation. Il a poursuivi en précisant que pour faire un usage responsable de l’éducation, il faut ré-enchanter l’altérité extrahumaine. Il a achevé sa communication en indiquant que la relation de l’homme à la nature est une relation d’intimité.
Nous avons conclu ce colloque avec une série de questions. Le maître de cérémonie a formulé des remerciements aux différents intervenants pour leur disponibilité. Puis, nous avons procédé au partage fraternel du repas offert par le CELAF Institut.